What Are You Gonna Think Of Me ? - Free.

Une matinée comme presque les autres allaient bientôt commencer. Recroquevillée sur elle-même, les genoux replié contre sa poitrine, entourée de ses bras fins et pâles. Ses cheveux noirs tombaient en cascade devant ses yeux et sur ses épaules, son pyjama quant à lui était une longue chemise de nuit blanche avec un numéro vingt-deux écrit en lettres bleues. Des larmes salées coulaient sur sa joue. Un atroce cauchemar l'avait réveillé cette nuit là, des flammes avaient dansés autour d'elle, voulant l'emprisonner à jamais dans une prison étincelante. Un nouveau départ ? Était-ce un nouveau départ qui allait s'offrir à elle le lendemain matin ? Peut-être... Mais peut-être aussi que cela continuerait de se passer de la même manière que toujours et que rien ne s'arrangerait jamais. La jolie noireaude resta devant sa fenêtre à contempler les étoiles encore quelques heures avant de se lever et de traverser le couloir pour aller dans la salle de bain.

Encore endormie, elle s'aspergea le visage d'eau froide, frissonna et observa son reflet dans le miroir en passant ses mains dans ses cheveux désormais court et de couleur flamboyante, en bataille bien dressé sur sa tête. Sa peau était un peu plus foncée qu'auparavant mais ses yeux restaient de la même couleur chatain avec sa tâche étrange sur la pupille. Un signe de reconnaissance ? Peut-être bien.. Mais est-ce que quelqu'un l'avait déjà reconnue grâce à cela ? Observant le bracelet rouge à son poignet où avait du être écrit son nom, elle se disait que non. Retour dans sa chambre... Bientôt elle quitterait ce foyer. Et il faut dire que ce n'était pas de refus.

Sortant de la voiture, elle claqua la porte avec un dernier sourire feinté à son accompagnatrice, puis, son sac sur l'épaule elle poussa la grille ferrée et s'avança dans ce qui semblait être un cour de récréation. Etait-ce par là qu'on entrait ? Sans doute. La grille passée, et la voiture éloignée, elle arracha son bracelet et le jeta dans la poubelle la plus proche puis passa nerveusement une main dans ses cheveux, tirant sa jupe écossaise vers le bas. Les mini jupe n'étaient pas ce qu'elle préférait, les collants fins, les bottes et les pull plutôt court non plus. Mais avait-elle le choix ? Non... Jamais. Ses cheveux blonds frisés parfaits en apparence. Son maquillage semblait même être un peu plus prononcé avec un maquillage parfait. La jolie petite bimbo se prélassait déjà dans la cour.

Un peu mal à l'aise, elle soupira, passant à nouveau ses mains dans ses cheveux, et remettant son sac sur son épaule. Elle ne possédait rien, elle ne possédait pas de vêtement, ou très peu, qu'un pyjama et des bijoux... Ma foi.. Elle devait accepter sa condition. Un peu perdue, elle resta dans son coin, presque terrorisée malgré ses dix-sept ans d'expérience de vie... Elle était encore trop timide, et trop peu sûre d'elle.

Le temps était bien long, et son geste se faisait systématique, ses doigts enroulaient ses boucles blondes. Des boucles dorées ! Quoi de plus atroce et de plus caricaturales que cela ? C'était une des coiffures qu'elle avait le plus de peine à accepter. Mais au fond, avait-elle le choix ? Quand on n'a pas de soi-même, quand on n'existe pas à part entière, n'est-ce pas normale de ne pas avoir d'apparence propre ? Une voix la fit sursauter. La jeune fille leva les yeux brusquement, ouvrant légèrement la bouche sans qu'un son ne réussisse à sortir d'entre ses lèvres glossées parfaitement. Sa main resta suspendue dans les airs, accrochant autour une de ses boucles. On aurait pu croire qu'elle avait passé des heures devant son miroir ce matin là. Mais comme d'habitude... Ce n'était pas le cas. Ce n'était pas son choix.

Ses joues rosirent légèrement et elle se sentit mal sur le coup. Que pouvait-elle répondre à cela ? Fermant la bouche, elle réfléchit avant que des mots fluides glissent à l'extérieur et réponde à sa place, comme si elle ne se contrôlait pas. Comme si elle était une simple spectatrice de sa vie, emprisonnée dans son propre corps. Etrange sensation. Et ce n'était pas peu dire.

- J'y penserais, merci.

Au fond elle ne la croyait pas. Quand on a un physique comme Masha, soit on se fait regarder de travers par les garçons qui vous matte en cachette, soit par les filles qui sont jalouse sous une montagne d'arrogance et de méchanceté. Heureusement pour elle que ce n'était pas tous les jours comme ça. Esquissant un sourire timide, elle lui répondit.

- Moi c'est Masha... Même si mon nom ne te servira à rien pour me reconnaitre la prochaine fois que l'on se rencontrera. Mais ce n'est pas grave.

Ses deux dernières phrases avaient été prononcée à voix basse, de sorte que ça n'apparaisse comme un murmure presque inaudible. Ses pensées ne regardait personne. Et cela, c'était des pensées à voix haute, des pensées plus que réaliste pour elle qui devait porter un bracelet coloré pour qu'on la reconnaisse. Etrange d'être taguée comme un animal. Mais une habitude, une manière de vivre. Ce à quoi on l'avait habituée depuis que ça avait commencé.

Observant la jeune fille, elle frissonna encore une fois, se demandant pourquoi elle la regardait avec ce regard, pourquoi elle semblait si froide et distante. Et si elle l'était réellement pourquoi venait-elle lui parler ? Tout semblait mal commencer. Haussant les épaules pour clore ses réflexions silencieuses, elle ne dit rien, détournant le regard et observant la porte avant de lui demander.

- Est-ce que tu saurais où je dois aller m'annoncer pour mon premier jour ?

Sa voix était calme, légèrement sucrée et pétillante, mais tout cela s'attachait à son apparence de Candy. Ce n'était pas elle. Ce n'était jamais elle. Un peu comme si elle trichait. Sauf que dans son cas c'était involontaire !

Un léger frisson parcourut son échine. Qu'était-elle censée faire en ce moment même ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Une jeune fille était venue lui parler pour venir lui dire qu'elle ne parlait pas et être froide avec elle ? Mais dans ce cas, ça n'avait rien de logique. Ne sachant pas vraiment ce qu'elle devait faire, elle resta silencieuse, se contentant de hausser les épaules à ses répliques. Elle aurait presque espérer que tout ce passerait de la sorte, après tout, elle ne voulait pas avoir de relation amicale ou plus avec qui que ce soit. Son monde était noire, noire de solitude et de tranquillité. C'était sa réalité, la seule chose qu'elle pouvait connaître suite à la mort tragique de sa famille dont elle était surement pour quelque chose sans le savoir.

- Je... vais y aller dans ce cas.

Dit-elle simplement sans vouloir être méchante, mais après tout, elle ne lui donnait que ce qu'elle pouvait vouloir, ou en tout cas ce qu'elle avait réussi à comprendre de cette jeune fille plus qu'étrange à ses yeux. Masha ne lui dit pas merci. Y avait-il une raison pour dire ce gentil mot de bienséance ? Non pas vraiment. Après tout, elle n'avait absolument rien fait pour elle sauf lui dire qu'elle ne parlait pas aux gens, et venir vers elle. Lui adressant un sourire plutôt gentil, elle se retourna pour rejoindre l'école. Elle devait trouver où elle devait se rendre, une chambre et ses classes. C'était la seule chose dont elle avait besoin en ce jour d'arrivée. Son existence étant déjà bien assez dur, elle ne voulait pas se compliquer la tâche de son adaptation en essayant de se faire des amis.

D'ailleurs, à quoi servait les relations ? Masha avait toujours été une vraie petite louve solitaire. Persuadée que personne ne l'accepterait jamais comme elle était, persuadée que sa vie n'avait pas la moindre importance. Après tout, elle avait perdu sa famille, ses parents, sa soeur... Rien ne pouvait plus compter, surtout quand on voyait la façon dont elle avait été traitée dans son foyer. Comme une étrangère, un monstre parmi les enfants avec pouvoirs. La pire de toute ? Oui sans doute, en tout cas, elle le voyait comme ça.